mardi, décembre 05, 2006

J'adore!

Quand j'arrive sur de tels articles; je jubile. Pour ceux que ça énerve: j'y peux rien. La société Québécoise a tellement de longueurs d'avance sur tout plein d'autres en matière de respect humain.

Tellement d'avance qu'il existe déjà une génération montante d'enfants de couples gais! On en est plus au tergiversations: mariage ou pas, légalité fiscale et de succession ou pas! On VIT les choses. Qu'on soit un laboratoire humain; je m'en fiche. Je sais pertinement que les choses peuvent se vivre au mieux: laboratoirement parlant ou pas.

La base d'amour et de respect n'est pas une ou des notions théroriques. C'est du vécu, du prouvé! J'adore!

Cyberpresse:


Il n'est plus rare, de nos jours, que des enfants soient élevés par un couple composé de personnes du même sexe.
Photo Nicholas Dupéré, collaboration spéciale

J'ai deux papas... et pas de maman

Caroline Beauchamp

Le Soleil

Vendredi, 16h30. Fin de la semaine. À l’autre bout du fil, Alain Audet fait plus qu’accorder une entrevue au téléphone. Il joue aussi son rôle de parent d’un bout de chou de trois ans et demi, qui demande son attention: «Cole, va jouer, mon amour, papa, il parle au téléphone…» Avec son conjoint, Raphael Aylman, ils forment une famille. Cole a deux papas. Pas de maman.

Les plus récents chiffres disponibles de Statistique Canada datent de 2001 et indiquent qu’il y aurait 3000 couples homosexuels qui élèvent des enfants au pays. Le plus souvent, les enfants sont issus d’une précédente union hétérosexuelle et vivent une partie du temps chez l’un de leur parent qui vit en couple, avec un conjoint de même sexe. De l’avis des spécialistes interrogés cependant, ce nombre serait en réalité plus élevé puisque ces couples, formés surtout par des femmes, ne sont pas toujours très chauds à l’idée de révéler leur situation familiale.

Alain Audet et Raphael Aylman, la jeune quarantaine, ont choisi la voie de l’adoption au moyen de la banque mixte des centres jeunesse, afin de donner vie à leur projet de fonder une famille. Ils ont d’abord été famille d’accueil pour l’enfant, jusqu’à ce qu’il soit déclaré adoptable, ce qui, dans leur cas, s’est produit l’an dernier, après presque deux ans d’évaluation et de processus judiciaire. «Avant que Cole soit officiellement adopté, on s’est mariés ; c’était important pour nous, confie Alain Audet. Le choix de la banque mixte s’est imposé, à mesure que les autres options étaient éliminées.»



L’adoption internationale n’est pas accessible aux couples gais. Sur la quarantaine de pays avec lesquels le Canada a des ententes, seuls une dizaine acceptent l’adoption pour une femme seule, et seulement Haïti s’il s’agit d’un homme. Mais dans ce cas, il aurait fallu qu’un seul de nous deux adopte et que nous cachions notre homosexualité. On ne voulait pas mentir à l’enfant au départ », explique-t-il. Ils ont aussi envisagé, sans la retenir, ce que les Français appellent la coparentalité (avoir un enfant avec un couple de lesbiennes). Quant à la mère porteuse — pratique interdite au Canada en échange de rémunération, il faut donc trouver une maman prête à s’investir « de bon cœur » —, c’est une possibilité qu’ils ont reléguée plus loin, l’adoption s’étant réalisée. De nouvelles démarches sont d’ailleurs en cours pour donner un frère ou une sœur à Cole.

Grandir dans une famille homoparentale

Vous êtes de ceux qui croient qu'un enfant doit nécessairement avoir un père et une mère pour s'épanouir et grandir sainement ? Que l'infécondité naturelle d'une union entre personnes de même sexe permet de conclure que «ce n'est pas nature», et donc, pas souhaitable ? Anne-Marie Ambert, sociologue de la famille à l'Université de York, a entendu ces arguments nombre de fois. «Les gens pensent que la famille traditionnelle, qui présente le modèle féminin et le modèle masculin, est la recette idéale, souhaitable au développement harmonieux de l'enfant, notamment au plan de son identité sexuelle», explique-t-elle. Or, il semble bien que cette croyance gagnerait à être actualisée. «Un enfant ne doit pas nécessairement avoir un père et une mère, c'est une conclusion prématurée, affirme-t-elle sans ambages. Ce que les recherches montrent, c'est qu'il est préférable pour un enfant d'avoir deux parents, peu importe leur sexe.»

Même son de cloche chez Line Chamberland, sociologue à l'UQAM. «Le fait d'être homosexuel n'a pas d'incidence sur la qualité de parent, ça n'a rien à voir», dit-elle.

À leur avis, le défi des enfants élevés par des parents de même sexe se situerait plutôt sur le plan des préjugés sociaux. L'enfer, c'est les autres ? Pas nécessairement, si l'on en croit l'expérience d'une famille de Québec.

Marie-Claude Carrière est la maman de quatre enfants. Ses trois filles de 12, 14 et 16 ans, elle les a eues d'une union avec un homme, de qui elle s'est séparée alors que l'aînée avait sept ans. Elle est tombée amoureuse d'une femme, avec qui elle a eu un fils, qui a aujourd'hui six ans.

C'est sa blonde qui a porté l'enfant. Marie-Claude l'a inséminée, à la maison, à partir du sperme d'un donneur, gai, «qui voulait nous offrir ce cadeau», dit-elle.

Sur le certificat de naissance, l'enfant est né de père inconnu, et le nom de Marie-Claude ne figure nulle part. Légalement, elle n'a donc aucun droit sur lui. «Mais c'est un risque et une responsabilité que j'assume pleinement, mentionne-t-elle. Nous sommes séparées depuis juillet dernier, après avoir vécu neuf ans et demi ensemble, et nous nous entendons très bien.» L'enfant vit en garde partagée une demi-semaine chez l'une et chez l'autre.

Avec toute la spontanéité de ses six ans, le petit bonhomme affirme : «J'ai deux mamans. Ma vraie maman et l'autre», en montrant Marie-Claude, qui ne s'offusque pas d'être «l'autre» maman, celle qui n'a pas enfanté... Chez elle, pas de cachette : les choses sont dites, la transparence règne. La plus jeune des filles raconte. «Quand mes amies viennent à la maison, des fois j'oublie de leur dire que ma mère est lesbienne. Je les fais visiter et quand j'arrive à la chambre de maman, je dis : "C'est la chambre de maman et de sa blonde." Alors là, elles demandent : "Ta mère est lesbienne ?" Et je réponds : "Ben oui, je te l'avais pas dit ?" Et on continue la visite...»

Les trois ados disent ne pas avoir été victimes de préjugés, ou de remarques désobligeantes dans leur milieu social et scolaire. Sauf peut-être parfois de la part des personnes âgées, qui lancent des regards désapprobateurs à leur mère, qui tient sa blonde par la main dans la rue. Mais sinon, tant les éducatrices à la garderie que les profs à l'école ne font pas de cas de leur situation familiale. «En fait, la seule anecdote qui me vient à l'esprit, se souvient Marie-Claude, c'est lorsque ma plus grande était revenue de l'école primaire une fois en pleurant. Elle m'a dit : "Maman, les enfants disent que t'es lesbienne !" Alors je lui ai expliqué ce que ce mot voulait dire. Et elle a répondu : "Ah bon, c'est juste ça ! Ben alors, c'est correct." Et ça s'est terminé là, je n'en ai plus entendu parler !»

En voyage

Quant à Alain Audet et Raphael Aylman, leur projet parental a été bien reçu dans leur milieu. «Cole va à la garderie, où nous sommes très impliqués ; les autres parents nous connaissent», dit le jeune papa.

Il y a bien certaines situations où leur famille surprend, comme lorsqu'ils reviennent de vacances à l'aéroport de Montréal et que le douanier demande avec insistance où est la mère de l'enfant. «Mais on voyage toujours avec tous les papiers légaux. Une fois la surprise passée, les gens n'ont pas de problèmes», affirme Alain.

Reste que c'est en raison de la marginalité de leur situation que le couple a créé un site Internet, www.papadaddy.ca, pour échanger avec d'autres papas gais qui ont des enfants. Ils en connaissent au moins 75 autres, la plupart dans la région de Montréal, et espèrent qu'ils seront toujours de plus en plus nombreux.

Enfants hétéros

Les deux plus grandes filles de Marie-Claude ont des chums ; toutes les trois affirment qu'elles sont hétéros. Et elles sont unanimes à s'insurger du fait qu'on leur ait dit plusieurs fois que leur petit frère serait gai, assurément. «C'est ridicule !» lancent-elles en choeur. L'aînée ajoute : «Il n'y a pas plus gars que mon frère. Et puis, si jamais il était gai, ce serait pas à cause qu'il a deux mamans. C'est une personne qui élève un enfant, ça n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle !»

Les chercheurs lui donnent raison. Danielle Julien, professeure au département de psychologie à l'UQAM, explique que les recherches empiriques menées à ce jour ne montrent pas de différences sur le plan de l'orientation sexuelle entre les enfants élevés dans des familles hétérosexuelles et homosexuelles.

De plus, elle ajoute que l'on a observé que les enfants élevés dans des familles homoparentales montraient une plus grande ouverture devant leur choix de carrière, ce qui s'expliquerait par le fait qu'ils ne grandissent pas avec une distribution stéréotypée des rôles, où la maman fait la cuisine et le papa tond le gazon.

Bref, selon Danielle Julien, il faut se poser une seule vraie question : «De quoi un enfant a-t-il besoin ? D'un amour inconditionnel. Cet amour doit provenir au moins d'une personne, qui réponde à ses besoins lorsqu'il est petit, qui le stimule. C'est ça qui fait qu'un enfant deviendra une personne forte et résiliente.»

18 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu vois Béo, ça prend quelqu'un qui a du recul et des points de comparaison pour pouvoir affirmer que la société québécoise a de l'avance.
Moi qui ai le nez dedans, je trouve qu'on stagne, qu'on fait du «sur place» dans une morose obsession technocratique et budgétaire. Tout le monde a peur et ça ne parle que d'argent ou de Staracadémie ou Loftstory. Alors, si tu trouves qu'on est en avance, ça me console et rassure un peu. C'est vrai que les mentalités ont changé
depuis la séparation de l'église et de l'état.
Mais quand même, il faudrait qu'on croît plus en nous-mêmes et qu'on soit plus audacieux.

Beo a dit…

Lux * Faut dire que dans ce cas précis: la bataille a été faite; ça fait partie des acquis, comme pour la condition féminine et plein d'autres choses.

Quand on est sur place: les acquis deviennent normaux.

Quand on vit loin: on constate que nos acquis sont à peine dans les prémisces de potentielles discussions dans les autres pays! J'exagère un peu pour mettre en lumière ce qui est frappant à mes yeux.

Le droit des homosexuels n'est plus en cause chez nous, le mariage est accepté mais ce qui m'a fait le plus plaisir dans cet article: c'est de lire l'avis des experts-tes sur le bien-être des enfants de tels couples!

Si tu voyais ce qui se publie ici sur de tels sujets!!! C'est pas fort fort... et de la part d'experts aussi!!! C'est surtout à ça que je dis chapeau!

Parce que c'est bien beau passer des lois, accepter des faits. C'est autre chose à mon avis que TOUTE une société adhère à partir des enfants concernés jusqu'aux experts.

Anonyme a dit…

et ben, si je m'attendais à ça! j'applaudis à deux mains, même des pieds! on a beaucoup de choses à apprendre de votre pays, tellement plus ouvert! je trouve fabuleux que les enfants puissent grandir dans une famille encadrée, plutôt que dans un orphelinat! merci pour cette belle nouvelle du jour Béo!

Beo a dit…

Speedy * Merci, merci! Tu comprendras que bien souvent en lisant le journal, ou même certains magazines: je suis sidérée!

Mais bon: l'évolution devrait se faire ailleurs qu'au Canada j'imagine ;)

Anonyme a dit…

Bon, ça évolue donc un peu...

Beo a dit…

René * Au Canada oui, au Québec oui; mais ailleurs dans le Monde... très peu! Ils sont à des années lumières de nous, pour la plupart! :(

Anonyme a dit…

ouh, ça fait du mal à lire "Ils sont à des années lumières de nous, pour la plupart!", on se rapetisse dans ses souliers... Mais pour l'article et leur recul, je suis enthousiaste, on voit ici aussi de plus en plus de reportages sur les familles homoparentales, même si la juridiction n'a pas encore statué. Et tous très positifs, frappés du bon sens.
Je ne suis néanmoins pas si sûre que tous adhèrent à l'idée, que le changement s'est imprégné dans toutes les mentalités, malgré cet article élogieux...

Beo a dit…

Bisaëlle * Étant que la perfection n'existe pas: il est clair qu'il y a plein de gens encore, qui s'offusquent de ces états de faits. Je trouve ça normal aussi.

Pour ma part, ayant vu de visu mon père déjà septuagénaire, accepter que de ses fils ou filles leur présentent leurs "conjoints" du même sexe; j'avoue que l'admiration était et est encore totale!

Anonyme a dit…

C'est vrai, comme dit Lux, qu'au Québec on devrait croire plus en nous-mêmes et être plus audacieux. Et pourtant on a une longueur d'avance sur bien d'autres peuples au niveau de l'évolution des mentalités. Par exemple depuis 25 ans la femme n'a plus le droit de porter le nom de son mari comme c'était coutume avant. En Suisse la tradition persiste je pense.

Beo a dit…

Edelweiss * Moi je crois que les acquis qui font partie de notre quotidien depuis des années: on ne les voient presque plus.

Tu as raison pour le nom de jeune fille; la loi est passée en 1981, j'ai dû reprendre mon nom de jeune fille -ça va j'étais encore jeune, hihihihi-, mariée par contre. J'avais choisi de porter le nom de mon mari, par plaisir. J'ai dû tout refaire mes papiers!

En Suisse, un étranger peut utiliser les lois de son pays d'origine. Donc: j'ai conservé mon nom de jeune fille après mon 2e mariage.

Dans le moment; il y a une loi à l'étude à ce sujet, mais je crois que ce ne sera pas pour simplifier ce qui existe déjà... car si j'ai bien compris; il y aura la possibilité de donner le nom de la mère aux enfants.

J'en reparlerai quand ce sera officiel ;)

Anonyme a dit…

c'est interessant que tu parles de ca aujourd'hui, parce que justement, le sujet est de nouveau sur la table au canada, puisque harper veut que les homosexuels puissent vivre ensembe mais pas se "marier" au sens du "mariage" proprement dit (donc en gros il veut retourner au PACS francais). stephane dion doit justement en parler aujourd'hui... quelle tristesse de voir harper vouloir faire aller les choses en marche arriere!

Beo a dit…

Miss Lulu * Celui-là (Harper), il aura au moins le mérite de mettre en lumière les acquis qu'on a et qu'on Y TOUCHERAS PAS!!! Du coup; l'intervention de Dion m'intéresse grandement!!!

Merci pour l'info ;)

Anonyme a dit…

Stéphane Dion passe pour un intellectuel hautain et ennuyant mais il ne faut pas oublier quand même qu'il est libéral et non pas conservateur comme Harper (petit frère de Bush).
Je suis pour l'indépendance du Québec et la-dessus Dion nous tasse dans le coin assez raide. Mais on se tasse aussi nous-mêmes avec notre «peur de quitter papa et d'aller en appartement dans notre propre pays...» Alors qu'est-ce qui est pire: Dion ou notre manque d'audace?... Nous sommes des Tanguy politiques.
J'ai quand même hâte de voir quelles seront les principales luttes de Dion face à Harper.

Beo a dit…

Lux * Pour ce que j'en vois d'ici... je trouve qu'il se débrouille pas mal à date, Dion.

Je trouve aussi très petit du terme petitesse ou étroitesse d'esprit, de l'attaquer au sujet de sa double nationalité. Faut vraiment pas avoir de munitions pour utiliser de tels arguments!!!

PS: oui... j'aimerais bien qu'un jour les Québécois arrêtent de chialer et agissent, tout simplement.

Tu te souviens de la publicité sur les assurances automobiles? Un petit dessin animé avec un bonhomme tout seul sur fond blanc qui disait: -C'est la faute de l'autre... On est toujours l'autre de quelqu'un! ;)

Anonyme a dit…

Oui c'est vrai.
«Je me souviens» aussi de l'annonce d'Hydro Québec, dans le temps: «On est six millions, faut s'parler». Ça inspirait le sentiment de solidarité.
J'aimerais beaucoup moi avoir la double nationalité. J'ai de très bons souvenirs de Lausanne et d'Ouchy où j'ai fait du pédalo sur le Lac Léman, il y a de nombreuses +++++ années. J'adorais les petites rues qui montaient sur la colline de Lausanne.

Beo a dit…

Lux * Oui; c'était une très belle publicité que celle de l'Hydro.

Les premières années ici; on allaient beaucoup à Ouchy, c'est tellement beau pour se promener. Par contre les collines comme tu dis... je les aime moins à pied :(

Anonyme a dit…

j'aime bien ton blogue. euh, mais je tenais à te signaler une coquille : j'y peux rien plutôt j'y peut rien

Beo a dit…

Oh ami! Demandé si gentiment: la correction est déjà faite.

Le problème c'est que je mélange un peu de tout: j'y peux rien se dit oralement ici, mais c'est pas vraiment bien littéralement parlant.

En fait; j'aurais dû écrire: je n'y peut rien; mais j'ai décidé de faire la correction selon ton désir.

Moi, quand on me demande si gentiment... ;)