mardi, novembre 14, 2006

Sidérant!!!

Une des raisons pour lesquelle, parfois, par ignorance; on manque des pans entiers de notre Histoire, tient aux faits qui n'ont pas été diffusés, masqués ou maquillés. J'ai découvert ça hier sur Cyberpresse!


Le dimanche 12 novembre 2006


SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL

Nous sommes américains

Jocelyne Lepage

La Presse


Depuis quelques années, certains historiens et romanciers s'étonnent de découvrir autant de Canadiens français qui ont joué un rôle important dans l'expansion des États-Unis. Des Canadiens français qui ont été parfois des héros, des personnages excentriques et colorés, ou encore des aventurières remarquables. Pourquoi avons-nous été privés de ces images de gagnants? Lectures en parle avec Richard Hétu et Denis Vaugeois, qui se sont tous deux intéressés à l'expédition Lewis et Clark. Et avec Serge Bouchard, anthropologue fier de son américanité et de son «amérindianité». Ils seront tous les trois au Salon du livre.

«Que penser d'un peuple - le nôtre - qui oublie le rôle de quelques-uns de ses fils les plus intrépides, pittoresques et virils dans une exploration qui constitue l'un des fondements de la culture américaine? Doit-on penser que ce peuple a été trompé, émasculé?»

C'est la question osée que pose notre collègue Richard Hétu dans le cahier du Salon du livre inséré dans La Presse d'hier et dont le thème est cette année l'histoire nord-américaine. Il a fallu attendre le bicentenaire de l'expédition Lewis et Clark (1804-1806) pour qu'un journaliste (Hétu) et deux historiens (Vaugeois et Chaloult) se penchent, en trois livres parus successivement*, sur la participation de Canayens à cette aventure qui fut le début de l'expansion des États-Unis jusqu'au Pacifique.



Richard Hétu pose la question, mais connaît-il la réponse?

«Je ne suis pas historien, dit-il, mais j'ai bien quelques théories. Nos premiers historiens étaient des membres du clergé. Charbonneau - né à Boucherville (1757)- faisait partie de ceux qui s'éloignaient de leur contrôle. Il fallait retenir les Canadiens ici. C'était une question de survivance. Ensuite les romans du terroir ont glorifié la vie à la campagne au moment même où les Canadiens français s'en allaient vers la ville. On s'est replié sur nous-mêmes. On a eu peur de ce qui se passait au-delà de nos frontières... Mais il faudrait parler à un historien.»

C'est ce qu'on a fait en appelant Denis Vaugeois à Québec qui s'est intéressé lui aussi à la participation des Canadiens français aux grandes expéditions états-uniennes.

«Je n'ai pas de mots assez forts pour qualifier ces gens-là», (qui étaient de l'expédition Lewis et Clark) dit-il. Et l'ancien ministre y va d'exemples plus colorés les uns que les autres. «Ils sont pris par l'hiver sur la côte du Pacifique, raconte-t-il. Il n'y a plus rien à manger. Les soldats partent à la chasse, reviennent bredouilles. Alors Trouillard (un guide) part tout seul, revient plus tard chercher les soldats. Il avait abattu quatre ou cinq chevreuils! Et en plus, ces Canadiens parlent les langues indiennes!»

Denis Vaugeois est en train de préparer un Atlas de l'Amérique du Nord. Il n'en revient pas de ce qu'il découvre dans ses recherches. «Audubon, le grand illustrateur, avait un guide dans son expédition sur le Missouri : Étienne Provost. Et un peintre, Miller. Dans les tableaux de Miller, il y a souvent ce guide, un gros bon vivant qui préférait l'âne au cheval et qui fut le premier Blanc à atteindre le lac Salé. Il y a une ville dans l'Utah qui porte son nom : Provo. Les sobres Mormons n'ont aucune idée de ce que ce nom représente. Le père de l'Oregon, poursuit-il, Louis Lorimier, est un gars de Rivière-du-Loup marié à une Mohawk. C'est lui qui a fondé Cap Girardeau

Mais pourquoi ne nous a-t-on jamais parlé de ces personnages?

«Notre histoire officielle ne va pas plus loin que Gatineau, précise Vaugeois. Notre nationalisme fait qu'on a été frileux. On s'est redéfini par rapport à un territoire et on a toujours, encore aujourd'hui, le dos tourné à notre véritable histoire.» Ce qu'a tenté de corriger Gérard Bouchard dans un essai qui a marqué l'histoire de notre Histoire, Genèse des nations et cultures du Nouveau-Monde, paru chez Boréal en l'an 2000.

La faute aux élites?

Cette attitude de rejet de notre américanité de la part de plusieurs historiens et autres intellectuels fait monter l'anthropologue Serge Bouchard sur ses grands chevaux (québécois). «Je suis d'accord avec ce que Vaugeois et Hétu ont dit à propos du clergé et de nos élites. On a été privé d'images de gagnants... Tous nos intellos essaient de montrer qu'on est européen. C'est le contraire! On est Américain. La terre d'Amérique on l'a dans le sang

Lui, c'est en faisant une recherche sur les Amérindiens et les Métis qu'il a découvert tout plein de personnages extraordinaires qui ont fait progresser les États-Unis. Il en parle chaque lundi soir, 20h, à la Première chaîne de Radio-Canada. « La semaine prochaine, je parle de Prudent Beaudry, un Montréalais qui fut maire de Los Angeles de 1874 à 1876. Ce fut l'un des plus importants développeurs, il était aussi l'un des hommes les plus riches de la Californie. Et il ne fut même pas le premier maire canadien-français de la ville. Damien Marchesseau l'avait précédé. Il y a des centaines de personnages comme ça et la liste des villes américaines fondées par des Canadiens français est interminable... Milwaukee, Kansas City, Galviston, Detroit, Pittsburg, c'est sans fin!»

Serge Bouchard vient de faire paraître un beau livre sur les animaux sauvages du Québec, un bestiaire*. Selon lui, on n'est pas assez fiers de nos animaux qui font partie de notre patrimoine naturel. Et ils sont en train de disparaître de notre imaginaire collectif, remplacés par des tigres et des éléphants.

«Je suis un tenant de notre américanité, dit-il. Mais aussi de notre «amérindianité». On a du sauvage en nous.»

Toutes les grandes expéditions états-uniennes faisaient appel aux Canadiens français, souvent mariés à des Amérindiennes qui elles aussi participaient aux expéditions. Il y a plus de sauvage en nous que ce qui est retenu par l'histoire officielle. «En fait, c'est vrai qu'il y a eu peu de métissage dans la vallée du Saint-Laurent, dit Denis Vaugeois. Mais à partir de Montréal vers l'ouest, le métissage est très fréquent.»

Anecdote : l'Indienne que l'on voit sur la pièce de monnaie de 1$ US commémorant l'expédition Lewis et Clark est Sacagawea, une des femmes de Toussaint Charbonneau. Et le petit qu'elle porte dans son dos est un Canadien français métis : Jean-Baptiste Charbonneau...


C'est fou hein?

Si jamais vous avez le bonheur de mettre la main sur ces différents volumes d'Histoire, vous allez vous régaler ça me rappelle celui qui, un peu comme une encylopédie, mentionnait la quantité phénoménale de produits que l'on doit aux Amérindiens! Tout ça me fascine, encore plus quand ça sorte au grand jour, mais parfois... je me dis que les familles de ces Canadiens qui ont "fait" le monde ailleurs... auraient apprécié de leur vivant une telle reconnaissance, pas besoin d'avoir un statue devant le Parlement pour ça: juste que ce soit reconnu et mentionné parce que c'est pas rien! Voilà!

Demain.. pour continuer dans la même veine; d'autres faits historiques qui eux secouent la Suisse...

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh boy! Béo, tu me donnes un coup de fouet pas mal fort. Je vais faire mes recherches... Et moi qui croyait que les «élites et le clergé» avaient noirci uniquement l'aspect religieux de la nation québécoise. C'est vrai que les premiers colons et découvreurs venaient de France mais ils ont défrichés l'Amérique, de la Baie d'Hudson à la Louisiane... Il faut se rappeler que le mot canada est amérindien et que le premier Canada (bas-Canada par la suite) était francophone avec les parlures de toutes les régions de France.
À suivre: tu m'as secoué la fibre nationaliste ( ce qui n'empêche pas du tout une pensée universelle)

Anonyme a dit…

très intéressant, merci Béo! me réjouis de découvrir la suite demain ;o)

Beo a dit…

Lux * Personnellement j'en suis tombée en bas de ma chaise... je voudrais bien avoir ces livres sous la main... et encore plus: voir ou lire des réactions dans les médias suite à ces révélations...

Parce que si en plus: c'est passé sous silence... grrrr!

Évidemment que les coureurs des bois se sont pas limités, à aucunes frontières... le clergé aurait bien aimé par contre!!!

Des rebelles, des dissidents, des têtes fortes, ha ha ha!

Tiens-moi au courant de tes trouvailles; ça m'intéresse.

Beo a dit…

Speedy * T'as pas regardé sur la TSR2 dimanche soir?

J'en suis encore abasourdie... mais aucunement surprise, hélas...

PS: sinon, j'arrive plus sur le forum du bookcrossing...

Blue a dit…

Wow! Merci Beo. Super intéressant! J'aimerais bien lire ça! :)

Anonyme a dit…

Compte sur moi Béo, je reste à l'affût et j'accrocherai tout ce que je pourrai. Je vais même aller fureter à la Librairie Vaugeois. La femme (ou ex-?) de Denis V. pourra sûrement me donner de bonnes références...

J'espère que tu as du tapis sur ton plancher (tomber en bas de ta chaise!!!)
Le contenu de ton message m'a tellement mis le feu au [P]Q que je viens de constater que j'ai fait deux fautes de québécois-français dans ma réponse... Le ciel va me tomber sur la tête!

Mais j'aime être fouetté! Ça sort de la platitude dans laquelle baignent; « Les québécoise et les québécois, toutes et tous orientée, orientés vers une direction similaire, en vue d'une objectif salutaire ...» comme le dirait notre nouveau leader du PQ André Boisclair.

J'étais justement pour te demander si tu pouvais nous présenter un peu la Suisse. Alors...
À demain

Pur bonheur a dit…

Ça donne envie dele lire....

Anonyme a dit…

ah ben non, j'ai pas vu la TSR2. j'aurais bien aimé! mais j'étais chez les parents de M. Speedy, on était invités à souper pour le remercier de s'être occupé de la voiture de sa maman ;o)

PS: moi non plus, t'as remarqué je pense :-)
faut que je te passe le livre de Gavalda, je passe chez toi dans ta boîte aux lettres??!? il est méga gros! ;-)

Beo a dit…

Lux * Tu sais bien que "certains" religieux y allaient un peu plus fort... je les imagine, avertir sévèrement les gars qui se préparaient à aller explorer vers le Sud ou juste aider, guider, servir de traducteurs pour d'autres.

Il y a une logique dans ces avertissements, mais c'est honteux de les avoir mis dans l'oubli collectif par exemple!!!

On parle pas de ti-culs, mais de valeureux personnages qui sont allés jusqu'aux plus hautes fonctions, ou même qui ont fondé de grandes villes américaines!

Beo a dit…

Blue * C'est des parutions toutes fraîches qui seront introuvables par ici je crois, snif.

Beo a dit…

Lux * Il me semble que Boisclair, avec cette citation, me donne une image d'une patrie dans les nuages, la bouche grande ouverte en pleine espérance de... de??? Euh....

Sinon; j'ai bien ri en lisant ton commentaire, hihihhihi! Tu vas sûrement trouver toute la panoplie d'ouvrages cités dans le texte chez Mme Vaudois!

Beo a dit…

Tangerine * Je sais que tu aimes les biographies, moi aussi.

C'est aussi intéressant à lire ce genre de livre. Parce que c'est la biographie de nos ancêtres finalement.

Beo a dit…

Speedy * Pour le forum, j'ai fais un mail à Lazarruss mais pas de réponses encore :(

Pour Gavalda, pas de problèmes! Je te mets les détails pour venir, chouette alors!