lundi, mai 15, 2006

C'est loin d'être rose!


J’inaugure un volet social…

Jusqu’à maintenant: j’ai pas trop osé parler du volet social, versus les mœurs du travail. J’ai tellement été choquée au départ, je le suis encore… juste de voir les conditions des genres de métiers que j’ai fait au Québec et la différence monstre ici…en fait: je les digères pas encore… donc; c’était vite vu que j’allais pas postuler…

Déjà… se faire demander une photo avec le CV… ça augure mal…

De voir la répartition des heures sur un poste… c’est inadmissible pour moi. Juste mon chéri… payé au mois… à un salaire inférieur à ses compétences et avec une accumulation d’heures supplémentaires…c’est inadmissible aussi.

Alors… on se dit: ben quoi… c’est comme ça ici et puis voilà! Et les gens ont peur de perdre leur boulot, en général: ils se font tout petits!

On ferme sa geule, parce que c’est pas parce qu’on vient d’un pays qui a une longue tradition syndicale qu’on a le droit de dire… et puis des inégalités: y en a partout au monde.

Mais bon… faut pas charrier…ici ils charrient, prennent les gens pour des bourricots, se targuent de donner de l’emploi équitable dans le Tiers-Monde, quand les gens crèvent de faim sur le pas de la porte de hauts dirigeants au salaires mirobolants. C’est ça le vrai visage de la Suisse.

Les femmes à 25 % de salaire en moins. Y a déjà zéro garderies…. Et des hommes qui partagent les tâches à la maison: on oublie! En majorité une gang de machos de bébés gâtés qui savent à peine faire le café et qui passent des heures à bichonner leur voiture.

Alors: selon le journal: L’Événement syndical du 10 mai:

Les Suisses ont -mal à leur salaire- et travaillent beaucoup trop.
Hum…

Quand je sais que le cliché veut qu’en Suisse c’est cher, mais que les salaires sont là pour pallier… je vous invite à voir de plus près… c’est pas rose du tout!

En fait: les salaires ont enregistré une baisse de 0,2% en 2005. Ce constat est d’autant plus révoltant quand on sait que les salaires des managers explosent dans l’autre sens. Les revenus des salariés sont rognés par la hausse des primes de caisse maladie.
Truc obligatoire ici même si tu auras jamais besoin du médecin ou de l’hôpital…

Il est dit que les salaires stagnent depuis 10 ans, le concept de salaire minimum n’existe tout simplement pas dans bien des secteurs.

Les salariés suisses travaillent en moyenne 42 heures et 20 minutes par semaine, soit plus de 2 heures que leurs collègues européens. Rien n’a bougé dans ce sens depuis 25 ans.

En 2004, le nombre d’heures supplémentaires a été de 177 millions soit l’équivalent de 90,000 emplois à plein temps!

Ce fait s’explique par une diminution du personnel pour plus de travail. Il y a donc ceux qui ont du travail et en crèvent et ceux qui n’ont pas de travail et en crèvent aussi…

Voilà pour les généralités. Dans ce journal syndical, se retrouvent des cas de batailles sur une large palette. Parfois c’est toute une entreprise qui est en cause, parfois qu’un chef ce qui ne diminue pas les ravages, loin de là.

Depuis le mois d’avril, des employées osent enfin dire les choses. Le travail est réparti en tranches de pourcentage ici. Soit on travaille à 100% (ce qui inclus les heures supplémentaires), soit à 50% et ainsi de suite. Une grande chaîne, que je ne nommerai pas vient de faire de grandes rénovations à l’une de ses succursale. Allez savoir pourquoi: il y eut une vague de licenciements! En majorité, la cause est que ces gens ont refusés d’être rétrogradés d’office de 100% à 50%!!! Le syndicat décide d’alerter la clientèle tout en publiant 4 témoignages dans son journal.

On apprends que le personnel est filmé! Ce qui est interdit par la Loi sur le travail. L’article de cette semaine apporte le témoignage de cuisiniers du restaurant de ce magasin, cuisiniers qui sont obligés d’aller dans les frigos se cacher, avec un peu du mets préparé dans le creux de la main, pour goûter si c’est réussi. Parce que c’est INTERDIT de goûter devant la clientèle!!!! Et c’est pas avec des caméras à 360°, ni la préparation des mets devant les clients qui mettent ces employés à l’aise!

Dans un espace restreint qui tient du miracle pour ne pas se brûler aux casseroles, ça ressemble étrangement à de l’esclavage.

Les femmes qui débarrassent les tables ont l’interdiction entre 11h30 et 13h30 de déplacer les lourds plateaux de repas avec les chariots. Elles doivent le faire à bout de bras. Les horaires sont irréguliers, des personnes à 50% font 3 heures par-ci par-là durant la semaine. Ce qui les empêche de trouver un second emploi. Les plannings sont donnés à la dernière minute pour être souvent modifiés en cours de route. On les appelle souvent à la maison pour être au travail dans l’heure qui suit!

Durant la pause de 30 minutes du midi, non payée, il n’est pas rare qu’un employé soit appelé par son supérieur et doive laisser son repas, payé de sa poche pour retourner au travail illico.

Quand aux heures supplémentaires, elles ne sont pas bien vues. On pousse les gens qui n’ont pas fini leur travail à l’heure indiquée sur le planning à aller timbrer et à revenir le terminer gratuitement…

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