jeudi, mars 31, 2005

Un être exceptionnel

J'ai rencontré un être exceptionnel.

En pays fribourgeois, aux campagnes verdoyantes ( y a 2 ou 3 semaines c'était encore sous un manteau de neige ), où la campagne est déjà d'un riche vert et les paysans à pied d'oeuvre depuis un moment, car plein de champs sont fraîchement labourés, la route fut agréable pour aller au travail et en revenir.

Je sais pas; j'ai un coup de coeur pour l'architecture fribourgeoise, un autre coup de coeur pour la commune de Bulle depuis que je suis ici. Faut dire que ma permière sortie lors de mon séjour fut dans ces contrées. Je trouve aussi que les gens sont attachants et comment dire... d'un calme serein. Voilà c'est le qualificatif: serein. Ce qui ne les exemptent aucunement d'avoir les mêmes soucis que tout un chacun.

J'en fut témoin ce midi. Après une lasagne, que je qualifierai d'une des meilleure mangée dans ce pays: faut pas chercher loin quand on sait qu'elle est faite avec du gruyère et de la crème, mais bon je m'égare...

Après ce succulent repas, comme souvent; je sort me balader pour fumer, car étant la seule fumeure je respecte les autres en partageant une table non-fumeurs.

Ce Centre d'achat fait des énonomies substentielles en ne placant pratiquement aucun cendrier sur pied dans ses halles; alors je me retrouve toujours assise à une sortie, face à un photomaton car il y a un banc... et un cendrier très loin du banc dailleurs. Un homme frêle y était déjà installé. Le temps que je me décide si oui ou non j'allais vraiment m'assoir; je constate que plusieurs personnes le saluent, lui sourient et tout. Il m'a paru moins louche du coup.

Je m'assoie, au même instant, une dame s'arrête pour discuter avec lui. Je me fais discrète mais bon c'était difficile de pas voir que le jeune homme lui disait en montrant son gobelet d'eau que ce serait son repas. Ni une ni deux: la dame lui tends 10 francs. Ils discutent encore et je vois bien qu'ils se connaissent de longue date. Elle part. Il m'aborde.

Pas pour se plaindre comme on a l'habitude de voir mais pour me parler de la dame, me dire que ce 10 francs lui permettra de manger avant lundi prochain - on est jeudi.... - oh..........

On a discuté un bon 30 minutes. Vous connaissez l'expression: c'est la faute à pas de chance....?

J'avoue que ça lui allait comme un gant. Il a vécu une faillite de boîte et depuis il n'a pas repris de boulots réguliers. En fait il a tout perdu. Y compris ses "amis" qui partageaient ses virées en voiture parce que c'était LUI qui avait la voiture. Menfin; vous voyez le topo. D'une famille désunie; il a été placé à l'assistance à 10 ans avec la mention clairement énoncée par son père: prenez-le nous on en a assez de lui!

Un frère et une soeur qu'il a dépanné financièrement du temps ou il le pouvait, se fichent totalement de lui tout en menant la grande vie. Ne lui rendent pas leur dette!

Ajoutez à tout ça, un système suisse qui fait des pieds et des mains pour accueillir, financer bien des requérants d'asile, qui est le pays fondateur de la Croix Rouge et bien tout ça: ce n'est pas pour un * indigène!

Même en retranchant une partie de ses dire, il en reste assez pour qu'il mérite ma sympathie. Surtout que la plupart de ses critiques au sujet de la société suisse sont carrément fondées.

J'insiste sur le fait qu'on échangeaient, discutaient: il ne m'a strictement rien demandé.

On fumaient ensembles finalement, hihihihi! Pour finir; je lui en ai offert une, moi qui arrive maintenant à faire un non catégorique quand on m'en demande sur la rue. Je lui ai laissé 10 francs aussi, quand j'ai su qu'il allait en passer au moins 8 de ceux de la dame pour acheter de la nourriture pour ses 3 poules qu'il a sauvées récemment de tortionnaires qui massacrent les animaux par plaisir. Vous savez quoi? Elles ont 3 mois les poules, et quand il part en balade dans la nature: elles montent sur ses épaules et n'en bronchent pas durant toute la balade. Trop, là s'en était trop pour moi qui adore les animaux. Au moins ses poules lui donnent quelques oeufs à manger et il trouve plus important de les nourrir elles, que de se payer un repas qui comme il le dit: sera mangé en 10 minutes.

J'aurais aimé lui donner plus, mais j'avais un billet de 100 francs et je devais passer mettre l'essence et à l'épicerie en rentrant.

Chose certaine, je le sens: j'ai rencontré un être exceptionnel pour qui l'expression, c'est la faute à pas de chance à toute sa signification. Il me fera plaisir de le revoir si ça se trouve...

Je fais long ce soir et pourtant je vous en ai raconté que la moitié...

* indigène: se dit de la population locale, de souche.

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