dimanche, février 27, 2005

Jutra

Les Jutras sont le pendant québécois des Césars et des Oscars. J'ai regardé la rediffusion sur TV5 de la cuvée cinématographique québécoise de 2004. J'en parle sur mon journal.

On doit l'appellation Jutra en mémoire à Claude Jutra 1930-1986. Cinéaste avant-gardiste de la veine de Godard, Renoir, Truffault avec qui il a collaboré durant sa période européenne. Un documentaire réalisé par Paule Baillargeon en 2002 nous montre toutes les facettes de cet homme qu'on qualifie à juste titre de Père du cinéma québécois.

Le premier film qu'il a fait à 18 ans contient absolument tous les ingrédients qu'il reprendra sous différents angles au long de sa carrière. Claude Jutra fut le tout premier Québécois primé à Cannes.

Atteint de la maladie d'Alzeimer, il ne supporta pas trop longtemps les affres de ces oublis terribles. Un jour, il ne savait plus former un simple 8 sur un chèque, un autre il affirmait bien aller sans trop savoir où il était et pourquoi... Alors comment un génie créatif peut-il s'en sortir?

Comme dans la majorité de ses films il y avait toujours une chute du haut d'un pont: le sien fut le pont Jacques-Cartier de Montréal, en 1986: il n'avait que 56 ans.

Michel Rivard lui a dédié une chanson:

L’oubli
Paroles et musique : Michel Rivard (1992)
Extrait [...]

Il notait tout dans un carnet
Le nom des gens
L'odeur des choses
Et quand le vent virait morose
Pour se souvenir il relisait
Mais il voyait entre les lignes
Grandir le trou blanc de l'oubli

L'oubli, l'oubli
L'oubli des mots
L'oubli des gestes
Oubli de tout ce temps qui reste
Prisonnier de ce funeste oubli

Un jour en rentrant du café
Où chaque matin venait s'asseoir
Par le trou blanc de sa mémoire
Il sentit sa vie s'en aller

Il écrivit comme à l'école
Son nom en lettre détachées
Puis il épingla sur le col
De son manteau
Le bout de papier

Dans l'eau glacée
Du Saint-Laurent
Il revit couler son enfance
Et offrit son corps en silence
Au démon qui suit le courant [...]

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