lundi, mars 20, 2006

Salon du livre de Paris...

Pour être une grande lectrice depuis ma tendre enfance, pour avoir oeuvré en tant que bibliothécaire durant 7 ans, pour l’amour de mots, qui pour moi sont comme de la musique, malgré tout ça: c’était pas du tout prévu que je vous entretiennent du Salon du livre de Paris.

Et c’est pas la faute à Blogger, qui m’enquiquine avec ses bris divers, qui m’incite à ouvrir le débat ici.

Parce que ce débat fait partie intégrante de ma vie, que souvent j’essaie de sauter une occasion ou deux pour pas ennuyer les gens, mais ce coup-ci!!!

Ophélie m’a alertée du fait et de la condescendance de certains journalistes, posant des questions tout à fait saugrenues à des auteurs chevronnés. Leur seul pré-requis étant de ne pas être DE France.

Les auteurs francophones irrités
Presse Canadienne (PC) - par Michel Dolbec



Le Salon du livre de Paris s'est ouvert jeudi soir, révélant l'ampleur du malentendu qui entoure en France le statut des «écrivains francophones».

La Francophonie dans son ensemble, et non pas un pays comme d'habitude, est l'invitée d'honneur de ce grand rendez-vous. Jeudi matin, le quotidien Libération avait bien résumé le problème posé par cette initiative: la Francophonie, a-t-il souligné, est un «mot piégé» auquel se mêle une «histoire de centre et de périphérie», le centre étant, bien entendu, la France, voire sa capitale.

Cette perception «terriblement parisianiste», «vaguement condescendante» et teintée de «colonialisme» finit par agacer un bon nombre d'auteurs, à commencer par la romancière Monique Proulx.

Dans le même journal, l'auteure du Coeur est un muscle involontaire s'est emportée contre la façon des Français de traiter la Francophonie comme s'ils n'en faisaient pas partie, comme s'il y avait «d'un côté les Français, authentiques, les seuls à l'avoir, l'affaire — et de l'autre: la francophonie, tous métèques et sous-produits plus ou moins rachitiques des premiers».
«J'ai exprimé un léger ras-le-bol, a expliqué Monique Proulx au salon. Ca ne changera rien, mais il faut continuer à dire que c'est insupportable. Les Français ont un retard mental, tout simplement. Ils sont lents à digérer le fait qu'il existe une Francophonie en dehors de la France. C'est eux qui ont un problème. Ca ne nous empêche pas d'exister.»
Guillaume Vigneault et Gaétan Soucy sont — avec Wajdi Mouawad, inscrit comme représentant du Liban — les seuls Québécois figurant sur la liste des 40 invités officiels du salon. Les deux écrivains manifestent eux aussi une certaine «irritation» devant le clivage suggéré par le «discours ambiant».

L'«auteur francophone» est-il la version mondialisée de «l'écrivain de province»? Vigneault, désormais publié au Seuil, serait porté à le croire.
«Je sens parfois, en sourdine, une sorte de sous-entendu qualitatif, reconnaît-il. C'est un truc atavique, poli, pas réfléchi. La meilleure façon de corriger ça, c'est d'être là et de se faire entendre.»
«Il y a une résistance à vaincre chez le lectorat français, confirme Soucy, en signalant qu'il n'a pas à se plaindre de son sort. On est facilement marginalisé du seul fait qu'on soit un écrivain francophone vivant en dehors de la France. Ca commence à changer, mais la définition de Francophonie demande à être travaillée, approfondie.»

L'écrivain libanais Amin Maalouf est plus intransigeant. Dans une tribune publié dans Le Monde plus tôt cette semaine, le lauréat du Prix Goncourt 1993 (pour Le Rocher de Tanios) déclare purement et simplement qu'il est «contre la littérature francophone».
«“Francophones”, en France, aurait dû signifier “nous”; il a fini par signifier “eux”, “les autres”, “les étrangers”, “ceux des anciennes colonies”, a-t-il écrit. Mettons fin à cette aberration! Réservons les vocables de “francophonie” et de “francophone” à la sphère diplomatique et géopolitique, et prenons l'habitude de dire “écrivains de langue française”, en évitant de fouiller leurs papiers, leurs bagages, leurs prénoms ou leur peau.»

L'inauguration du Salon du livre marquait aussi l'ouverture officielle des Francofffonies!, le Festival francophone en France qui se poursuivra à travers le pays jusqu'en octobre. Plus de 2000 artistes, plasticiens, écrivains, intellectuels, scientifiques venus des 63 pays et états membres de l'Organisation de la Francophonie prendront part aux 500 manifestations «labellisées» par le festival ou organisées pour l'occasion. Le Québec occupe a lui seul le quart de cette programmation, avec une cinquantaine d'activités et 87 artistes.

Le Salon du livre, lui, rassemblera jusqu'au milieu de la semaine prochaine 3000 auteurs et 1200 éditeurs. Environ 25 pays sont représentés. Une trentaine d'auteurs québécois ont fait le voyage.


PS: C’est une des raisons pourquoi j’ai toujours été d’accord avec Dany Laferrière sur l’inutilité de passer par Paris pour être reconnu!

Aucun commentaire: