dimanche, octobre 19, 2008

Les anges vagabonds

Je viens de lire mon premier Kerouac: Les anges vagabonds. Pourquoi n'en ai-je pas lu avant? Je sais pas, ça ne m'a jamais vraiment attirée. Pour certains Kerouac est l'anti-héros de l'Amérique des années soixante. Pour moi l'Amérique c'est mon continent d'origine.

Pour certains Kerouac représente la génération beatnik émergeante qui profite d'une liberté totale et surtout totalement assumée.

Pour moi des Kerouac; j'en ai eu tout plein dans mon entourage durant ma jeunesse. Des qui assumaient, d'autres moins. Alors pour moi Kerouac n'a aucun exotisme, la seule découverte à son endroit est son écriture. Et encore.... il m'aurait fallu le lire en anglais!

Kerouac est né au sein d'une famille canadienne-française dans le Massachusett, la culture québécoise a toujours fait partie de sa vie. Voici une citation illustrant très bien cet aspect de sa personnalité:

On ne peut rien exprimer de très clair en anglais » Jack Kerouac

Kerouac, un écrivain français ?
S'étant désolidarisé du mouvement beat, il se définissait comme 'un artiste, un conteur, un écrivain dans la grande tradition française, et non le porte-parole d'un million de voyous'.

Il a aussi écrit un roman en français qui a été récemment mis à jour, voici un extrait de l'article paru sur Le Monde.

"Sur le chemin", un inédit de Jack Kerouac écrit en français

Article publié le 08 Septembre 2008
Source : LE MONDE.FR Propos recueillis Mathilde Gérard
Taille de l'article : 857 mots

Extrait :
Sur le chemin n'est pas une nouvelle traduction d'On the Road (Sur la route) de Jack Kerouac, mais un roman inédit de l'auteur phare de la Beat Generation, écrit en français en 1952, alors que l'écrivain se trouvait à Mexico. Le journaliste canadien Gabriel Anctil en a fait la découverte récemment, en écumant les archives des bibliothèques new-yorkaises, et Le Devoir de Montréal en a publié quelques premiers extraits.Comment avez-vous découvert Sur le chemin ?Gabriel Anctil : Tous les manuscrits de Jack Kerouac à New York sont accessibles, sur demande, depuis un an et demi. Le problème avec Kerouac, c'est la quantité de mythes et de légendes autour de ses écrits.


Voilà pour la petite histoire et les anecdotes.

Pourquoi l'éditeur n'a-t-il pas respecte le titre original de l'œuvre - plus approprié -: les anges de la désolation ? Qui sont les anges en question ? Jack Kerouac et ses amis de la beat génération qui ne sont pas avares de délires une fois dopes par l'alcool et les drogues.

Du Mexique a Tanger en passant par les Etats-Unis évidemment, on suit ces êtres qui se veulent poètes dans des errances enfumées. Il y a quelque chose de fascinant dans leurs vies d'utopistes un peu déranges, une vie extrême qui nous attire étrangement, que nous touchons de loin avec le livre.
Seulement, c'est un empilement d'anecdotes, un échantillon de cette existence plus intense à vivre qu'à lire. Soyons durs, si souvent c'est peu intéressant, il y a en revanche de vrais moments de pure et naïve poésie, une certaine tendresse mêlée a l'inquiétude et a la solitude lorsque l'on découvre la face cachée de cette génération rêveuse et mélancolique.
On arrive parfois à être gagne par un désespoir diffus qui noie ces êtres en quête d'absolu. Rien que pour cela, on est quand même heureux de lire ce livre, de passer outre ces histoires de drogues, ces portraits d'hurluberlus. Et puis, il y a quand même la dernière partie du livre, lorsque Jack Kerouac décide de retrouver sa mère, de voyager puis de s'installer avec elle.
C'est a ce moment la que l'on touche vraiment a la grande émotion, tant il y a de la sincérité, de la simplicité et de la dignité grâce au personnage de la mère et a la générosité a la reconnaissance de l'auteur. Ce n'est pas larmoyant. Cette partie se révèle une excellente conclusion à ces péripéties beatniks dont les résultats artistiques paraissent quand même bien maigres. Le livre est un témoignage, sur une espèce d'homme, une génération même et sur son mode de vie, qui vaut le détour.

Source.

Pour ma part cette lecture fut très agréable, surtout moins douloureuse que si je l'avais vraiment suivi comme j'aurais pu le faire à l'époque avec certains de mes amis ;)

Par contre comme je le disais plus haut, ça aurait été mieux que je puisse le lire en anglais surtout que la traduction est de France... ce qui a pour effet de me donner les même hérissements de poils que les post-syncros de France qui me dénaturent totalement un film américain.

Parce que je suis désolée mais on ne dit pas mômes sur notre continent, on ne va pas au Prisunic non plus.

C'est comme cette phrase étonnante: Nous roulons à présent vers La Fayette où nous avons la surprise d'entendre les gens parler français exactement comme nous dans le Québécois. (...) p.216.

M'enfin; je suis bien heureuse d'avoir fait la connaissance avec ce grand bonhomme qu'était Kerouac!

11 commentaires:

Pur bonheur a dit…

Je vais justement à la bibliothèque aujourd'hui. Vais jeter un coup d'oeil dans la section des 'K'!

Beo a dit…

Pur Bonheur * Ah! Enfin une amatrice ;)

Etolane a dit…

Ah! C'est l'une de mes livres fétiches! Un incontournable! Contente que tu l'aies découvert et apprécié! :D Bisous

Beo a dit…

Etolane * Je connais Kerouac depuis longtemps, de réputation, des extraits, etc.

Mais, il est vrai que c'est le premier livre que je lis de lui. J'ai bien aimé ;)

Venise a dit…

Je pense que la vie essaie de me faire des signes. Récemment, j'ai regardé une entrevue de Kerouac avec Fernand Séguin. Assez spécial, merci. L'homme était insaisissable pour Fernand Séguin et l'assistance riait et Kerouac se demandait un peu pourquoi. L'homme m'a intrigué par contre. Fasciné même. Il écrivait spontanément sur de longues feuilles sans plan et sans corriger. Ça fait longtemps que je veux le lire, tu me rappelles à ce désir.
Je vais essayer de retracer les coordonnés de l'entrevue et je viendrais les rajouter ici, des fois que tu serais curieuse.

Beo a dit…

Venise * Une entrevue avec Fernand Seguin! Mais ça vaut de l'or pour moi!

Quand je dis que je n'avais pas lu de roman de Kerouac, je suis persuadée d'avoir vu des entrevues à la télé mais c'est tellement loin et ma mémoire défaille.

Ceci est probablement dû au fait de l'âge que j'avais alors, qui m'a fait porter un intérêt bien différent de celui que j'ai à 50 ans sur le bonhomme en question.

J'aime bien ton entrée en matière qui dit que la vie te fais des signes :) ça rejoint ma conviction qu'un livre ou un film, peu importe, nous arrive à des moments spéciaux ou charnières.

C'est un peu pour ça que j'ai horreur de suivre la cohue qui va au ciné voir une sortie de film ou qui saute sur un livre lors de sa parution. Ces oeuvres ont une vie tellement intemporelles pour la plupart.

Venise a dit…

Bon, ça y est, j'ai le lien pour l'entrevue Kerouac/Séguin. Christian Mistral m'a aidé à le trouver :
http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/litterature/clips/126/

Bonne écoute !

Beo a dit…

Venise * Ah! Merci beaucoup à vous deux!

Beo a dit…

Venise!!!! Je viens de prendre le temps de regarder l'entrevue de Kerouac: ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh que c'est beau!

J'ai ri autant que le public sur place! Pourquoi?

Même Jack se le demande au début: -Pourquoi y rient! Hihihihihi!

C'est un -c'était un-, foutu beau bonhomme dans tous les sens du terme. Et si je retiens une définition du terme beat generation: c'est que c'était la génération du coeur, du vrai, du rêve réalisé. Peu importe le prix à payer, ou plutôt: la pauvreté à vivre.

Faut pas oublier que sa génération est celle qui est née aux US, la première suite à l'émigration des canadiens. Ils disent rarement québécois dans ces années-là mais bon... ils viennent tous ou presque du Québec.

Merci infiniment pour m'avoir permis de regarder ce précieux document. Faut dire aussi qu'en 67...j'avais 9 ans... j'aurais eu du mal à me souvenir de cette entretien :)

Venise a dit…

Moi, j'en avais 13. On s'en fout pas mal à 13, des écrivains et des Fernand Séguin.
J'ai vu ce vidéo la première fois sur le blogue de Christian Mistral. Et puis, comme il a un blogue très chargé, je le retrouvais pas. Je le lui ai demandé ... pourquoi pas ! Je lui ai dit, c'est pour ma Béo :-)

Beo a dit…

Venise * Tu as bien fait et je t'en remercie encore!

Ce fut vraiment agréable à regarder. Je crois qu'il est mort 2 ans plus tard.