mercredi, novembre 02, 2005

Le homard rouge



Vous connaissez l'histoire du homard rouge? En fait, de concert: on la tait. C'est qu'il ne faudrait pas alerter la colonie de crustacés qui peuplent l'Atlantique Nord. Parole de homardier!
Prisés des consommateurs, jusqu'à leur faire traverser l'Océan au dessus des eaux, en avion; ils ignorent que leur existence paisible, tranquille est menacée.

Les homards sont fiers de leurs carapaces d'un ton verdâtre, sinon bleuté parfois. C'est pas tant pour leur conférer beauté, qu'outil de camouflage.

Donc; de la fierté de ces tons, de la tranquilité des grands fonds marins surgit un jour un rebelle. Comme dans tous pays, toutes contrées, tous clans, toutes familles: un rebelle émerge comme chacun sait.

Alors: ce homardeau, tout fier de vouloir se distinguer des autres, fait le fier en osant sortir des grands fonds, se hisse de plus en plus haut à chacune de ses escapades, revient vers les autres en fabulant sur ses supposées découvertes. En fait s'en étaient des découvertes... sauf que, les anciens savaient bien que ce n'était pas pour le mieux. Qu'on ne passait pas sa vie durant aux fonds, par dépit ou déconvenue, mais bien parce que c'était le milieu le plus favorable, le mieux pourvu en nourriture et protection.

Allez savoir pourquoi, notre homardeau fut affublé du sobriquet de homard rouge! Personne pourtant n'en avait déjà vu! Ils avaient vu des pneus, et autres débris humains en quantité, fondre dans les sables profonds, défigurer leur paysage sous-marins, mais jamais de homard rouge.

Ils n'en virent jamais...Par contre notre homardeau, attiré un jour par une structure intriguante faite de bois et de grillage... s'y trouva coincé. Il se retrouva muré dans un vivier immense avec tout plein de homards comme lui! Coincés, élastiqués, entassés, balottés.

Au début; il a cru à la grande aventure dont il rêvait. Sauf que sa couleur rouge il ne la vit jamais. Il la porta pourtant, aussi fièrement qu'un homard peut le faire, sauf que le moment venu: il n'était déjà plus.


Texte original
© !Béo! 1er novembre 2005

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