dimanche, décembre 07, 2008

Sous les vents de Neptune, Fred Vargas.

J'ai terminé la lecture de Sous les vents de Neptune.

Sur deux romans d'elle, j'ai lu un des premiers: Ceux qui vont mourir te saluent 1994, puis l'un des dernier: Sous les vents de Neptune, 2004. Dix ans et Cinq, sept, ou huit romans -selon les sources-, les séparent.

Il y a bien évidemment une belle évolution. Ce qui est certain; c'est l'art qu'elle a de nous amener avec ses personnages en plein coeur du récit.

Pour Sous les vents de Neptune, une sombre histoire qui ressurgit dans la vie d'Adamsburg, tout juste au moment où une partie de sa brigade prépare un voyage de formation au Québec. Une sombre histoire dont on saura tout au fil des pages.

C'est bien ficelé et ça m'a tenue en haleine du début à la fin.

Je sais... j'ai râlé sur son style d'écriture dans mon précédent billet sur son sujet. Dans ce roman, ce style a pris racine et la lecture coule bien. Sauf que.... c'est à se demander où donc elle est allée pêcher certaines expressions totalement loufoques dites québécoises.

En général, les européens arrivent à déceler la logique dans nos expressions. J'ai promis de faire un peu de lumière sur celles utilisées dans ce bouquin, suite à des commentaires teintés d'étonnement incrédule sur ceux-ci. Et ces personnes ont bien raison de douter de la véracité de ces expressions.

Soit je connais mal les expressions utilisées dans l'Outaouais , qui n'est vraiment pas la région que je connais le mieux, soit il y a eu distorsion dans la mémoire de madame Vargas, soit elle a été vraiment mal conseillée.

En voici quelques-unes:
-Tais ton bec.... au lieu de ferme ta boîte ou ferme ta gueule

-Assis-toi dessus et tourne.... celle-là; j'arrive tout simplement à trouver, si quelqu'un sait...

-Moment donné... quand il faut dire: un moment donné, que personnellement je tronque pour dire manné :)

-Accroire... utilisé aux mauvais endroits.

-Slaque... grand slaque est traduit par: le grand mou déginguandé, quand on sait que c'est plutôt pour définir une personne mince, grande et efflanquée.

-Faire péter les bretelles, devient pratiquement synonyme de burn-out. Personnellement je connais l'expression qui dit qu'on prends les autres de haut ou bien qu'on rit tellement que...

- Le tu est sur employé: Pourquoi tu portes-tu 2 montres?

- Avoir du front tout le tour de la tête ou du toupet devient: avoir du casque!

Et je passe sous silence le cliché de la chasse aux phoques qui figure en page 9!!!

Il faut bien comprendre que le joual n'a pas qu'un seul lieu qui serait global, mais bien des particularités régionales qui sont très différentes parfois. Personnellement le joual de Michel Tremblay n'est pas le mien. Mais de là à divaguer et inventer n'importe quoi au lieu de se référer soit à des gens qui connaissent ou aux ouvrages qui sont publiés et disponibles; je trouve que madame Vargas est allée dans la facilité douteuse... qui marque un manque de respect pour ses lecteurs. Voilà!

Voici quelques commentaires de lecteurs:

Bonne intrigue, quoique de facture classique. des personnages bien campés et originaux. Mais.... la "parlure" québécoise est totalement loufoque! Des expressions qui n'existent pas, ou qu'on utilise incorrectement. Elle s'est inventé son petit dialecte québécois. Dommage, parce que de ce côté ci de l'Atlantique cela nuit à la lecture et gâche le plaisir. Pierre.

Excellent! J'avais hâte d'allaiter au milieu de la nuit pour pouvoir lire encore. J'ai beaucoup aimé les personnages féminins: Régancourt, Clémentine et Josette. Par contre j'ai eu de la difficulté à comprendre le québécois?!? (on se demande bien pourquoi...) Nicole.

Sous les vents de Neptune: très bon J'ai adoré. Rarement on voit un polar avec des personnages aussi riches... Je suis folle d'Adamsberg et Danglard, Danglard, qu'est-ce qu'on est soulagés à la toute fin de savoir que .... Je N'ai toujours pas compris la grogne de Homier-Roy à propos de l'Accent québécois; moi je trouve que c'est bien rendu; il ne faut pas oublier que ça se déroule dans l'Outaouais, lieu du Québec où le langage est incompréhensible pour le reste des québécois et de la planète... ensuite, Vargas a le droit d'inventer un langage qui lui semble du québécois.. Jacqueline. Bin kin!

Par contre elle a réussi de belle manière à restituer les traits de caractère des personnages canadiens. En fait Jacqueline a raison: vaut mieux oublier que ça se passe au Québec, hu hu!

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah oui c'est dommage de mal utiliser ces expressions dans un livre.. ça gâche le plaisir.

Assis toi dessus et tourne, ça veut dire réfléchis-y bien (me semble). On utilisais aussi ça par chez nous pour faire un doigt d'honneur en disant cette expression... c'était pour enfoncer plus profond mettons ;)

Beo a dit…

Shandara * C'est évident qu'avec le geste... on comprends mieux. Mais justement dans le contexte du roman: c'est IMPOSSIBLE que ce soit aussi vulgaire et y a tellement d'autres manières de le dire.

Les québécois sont déçus de lire de telles choses et les européens trouvent que ça n'a pas de sens... et ils ont raison!

cvrin a dit…

c'est sympa d'immerger le lecteur dans une région comme le Québec :)
mais j'avais trouvé un peu bizarre aussi à la lecture! trop d'expressions à mon goût. gavant au bon d'un moment, surtout les passages avec des TU partout.
mais l'histoire est vraiment bien et relève les mauvais points, en tout cas pour moi!

Beo a dit…

Speedy80 * Je me sens comme une râleuse de première à toujours lui trouver des poux à cette pauvre Vargas ;)

Mais vraiment, elle l'a cherché avec ce récit.

On enlève cette faute de goût -inadmissible pour une auteure chevronnée-, il reste un récit tout à fait captivant. Une intrigue bien ficelée qui nous tient jusqu'à la chute finale.

Mais diantre que ça fait peiner le lecteur québécois alors; je peut imaginer les invraisemblances que ça sucite pour les autres!

Tu avais bien raison de douter de la véracité de ces expressions. Elle aura fauté de ne pas assez fouiller cet aspect de son récit. Samedi j'ai appris qu'elle avait été sévèrement critiquée dans la presse québécoise sur ce point.

Reste à voir maintenant si tu veux récupérer le bouquin ou bien si je le fais aller en bookring?

Anonyme a dit…

Ben moi j'ai lu d'autres bouquins d'elle, qui ne se passent pas au Québec, et j'ai bien aimé :) Et j'ai lu quelques bouquins qui se passent au Québec (et écrits par des québecois) avec plein d'expressions, et quand je ne les comprends pas, ça ne me dérange pas, ça me fait juste rire.... peut-être parce que je suis une linguiste ;)

Beo a dit…

Dr.Caso * Je suis tout à fait d'accord avec toi et j'ai adoré son histoir en fait.

Comme mentionné au début de mon billet, on m'avait demandé mon avis sur ces expressions.

Expressions soit inventées ou déformées et ça, en tant que linguiste autodidacte ça ne me fait pas vraiment rigoler mais c'est pas dramatique hein! ;)

cvrin a dit…

cela ne me dérange pas d'avoir des expressions dans un livre, au contraire je trouve que cela l'enrichit! mais là c'était l'overdose…

tu peux le mettre en bookring sur le forum, simplement il devra revenir chez moi à la fin :)

Beo a dit…

Speedy89 * Surtout que les personnages étaient déjà riches en soi, pas besoin d'en rajouter tant.

D'accord: je vais le mettre en bookring! Bonne soirée!

Anonyme a dit…

Alors là, je dois avouer que tu m'as convaincue de ne pas le lire. J'aime beaucoup Fred Vargas dont j'ai lu deux ou trois livres, mais j'avais entendu (sûrement par René Homier-Roy, entre autres) que les expressions québécoises n'avaient aucun sens dans celui-là, et ça m'avait enlevé le goût. Avec le temps, je me disais que je devrais peut-être le lire quand même, pour l'intrigue, mais là je réalise que je ne serais pas capable. Juste de lire une mauvaise traduction française, ça me donne déjà des boutons, alors... Comme tu dis, c'est un manque de respect total envers ses lecteurs. Je voudrais bien croire que c'est parce qu'elle a été très mal conseillée... mais il me semble évident, d'après les expressions que tu rapportes, qu'elle n'a même pas pris la peine de le faire lire par un québécois (sinon, rien de tout ça n'aurait passé!). Il s'agit donc carrément de négligence. Il y a déjà tellement d'expressions québécoises imagées et rigolotes, pourquoi en inventer?
Quant à cette Jacqueline qui dit que personne au Québec ne comprend les gens de l'Outaouais... elle vit où, pour divaguer comme ça? Sûrement pas du Québec!

(Coudonc, je suis donc ben de mauvais poil ce matin, moi!!! Ça doit être la politique qui me fait ça... ;o) )

Beo a dit…

Docteur Maman * Ne connaissant pas vraiment l'Outaouais, je pourrais vraiment pas dire si cette Jacqueline a raison ou tort. Contente de lire ton avis sur le sujet.

Le pire dans tout ça, c'est que ça m'a fait l'effet de faire passer quelques québécois de l'échantillonnage de personnages pour des pratiquement demeurés... c'est pas très agréable.