mercredi, novembre 23, 2005

Les confitures de coings...

Extrait des confitures de coings.
Jacques Ferron dit du 2e personnage de son récit, anglophone de son état et Irlandais d’origine donc anglo-saxon. Il dit que ce personnage a écrit ceci sur les Canadiens francophones:

Les Canadiens ( Québécois ) sont complices avant d’être compatriotes ou concitoyens. Ils forment un peuple bizarre, né sous une domination étrangère, un peuple patient et insoumis qui attend son heure et n’obéira jamais de plein gré qu’à lui-même. En attendant ils s’accommode de nos lois, sans révérence, dans le but d’en tirer le meilleur parti.

Lorsqu’ils proclament leur loyauté, ils tirent un écran et s’amusent derrière: qu’on se contente de la façade faute de l’édifice, quitte à passer pour un naïf. Quand ils nous retournent nos propres paroles, dont ils se sont fait un répertoire, ils ne se soucient pas de ce qu’ils disent: qu’on les assure qu’ils parlent bien et qu’on les applaudisse.

C’est ainsi que nous avons toujours gouverné ce peuple, moins par la force qu’en le prenant à son propre jeu et à sa fourberie. Plus fourbes que lui, nous l’avons empêché de s’affirmer. Il n’en a pas moins progressé. La partie approche de sa fin. Elle sera gagnée si les cartes ne sont pas abattues: il peut encore s’égarer et passer à côté de sa destinée. Il s’agira alors de mettre les cartes dans sa poche et d’emmener ces Canadiens à se considérer comme des immigrants dans un pays qui tire sa force et sa paix de l’immigration. Si l’on éprouve de la sympathie pour eux, par atavisme irlandais, gallois ou écossais, qu’on se dise que la meilleure façon de les aider est encore de chercher à les perdre.
Ref: p.117.


J’avoue que de lire ce passage m’a fait dresser les cheveux sur la tête et qu’en remettant dans le contexte du récit et de l’époque: je n’ai pu que constater la véracité de cette attitude qui a fait de nous des rebelles. En ce début du 3e millénaire: je considère qu’on s’en est pas si mal sortis!


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