
Par contre au détour d'un petit raccourci, on aurait dit qu'une étrange force magnétique avait attiré tous ces parapluies dans cet arbre! J'ignore depuis quand c'est là et j'ai un peu cherché autour mais je n'ai rien vu d'autre.
Curiosités et états d'âme d'une expatriée.
Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah.
Avec l'instauration de la République islamique débute le temps des "commissaires de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire.
Bientôt, la guerre contre l'Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère.
Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l'envoyer en Autriche pour la protéger.A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l'adolescence, la liberté, les vertiges de l'amour mais aussi l'exil, la solitude et la différence.
Recyclage du tube en aluminium: objectif 100%
Les conteneurs de collecte communaux attendent les tubes en aluminium
La collecte en vaut la peineIl y a plus de 75 ans, le tube en aluminium a permis à la moutarde Thomy de percer sur le marché suisse. La nouveauté d’emballage d’alors n’a pas pris une ride en près d’un siècle, puisque les consommateurs suisses achètent bon an mal an environ 70 millions de tubes contenant de la moutarde, de la mayonnaise, des sauces et d’autres produits à tartiner. La collecte et le recyclage des tubes en aluminium est judicieux: plus de la moitié prend déjà le chemin du recyclage. Mais IGORA veut aller plus loin: elle lance un appel pour le recyclage à 100 pour cent du tube en aluminium. La coopérative bénéficie dans cet effort du soutien des consommatrices et des consommateurs et de ses partenaires: les quelque 3000 communes et villes, l’industrie de l’aluminium et du recyclage, mais aussi l’industrie des produits alimentaires, l’industrie des boissons, l’industrie des aliments pour animaux de compagnie et le commerce de détail. Lors d’une manifestation d’information pour la presse à Bischofszell, la Coopérative IGORA a présenté le cycle de vie du précieux tube en aluminium.
Personnellement à mon arrivée ici; je n'avais pas l'habitude de voir ces produits sous forme de tubes. N'empêche que c'est ingénieux, pratique et recyclable. Est-ce qu'il y a ce genre de tubes avec la moutarde, mayonnaise et même pâte de tomates au Québec maintenant? * Source
Arrivé dans la capitale en 1926, l'architecte d'origine suisse Robert Blatter a contribué à la diffusion du goût nouveau à Québec.
L'architecte Robert Blatter n'a pas la réputation d'un Le Corbusier. Mais le premier a eu beaucoup plus d'influence à Québec que le second. La ville lui doit en effet le Colisée et la première résidence de style international au Canada, la maison Bourdon, encore debout aujourd'hui, mais défigurée.
Construite en 1934 sur le chemin Saint-Louis près de l'avenue Maguire, à Sillery, la maison du docteur Bourdon était «révolutionnaire», commente l'architecte de Québec George Leahy, qui a connu Robert Blatter, car il était un ami de son grand-père. Avec ses baies semi-circulaires, ses fenêtres en ruban, son porche et son balcon, son toit plat et ses murs de brique blancs, elle est l'illustration du style international.
«Robert Blatter n'a pas d'équivalent au Canada, soutient Leahy. Il arrivait de l'extérieur avec un oeil nouveau, une architecture nouvelle.»
Comme Le Corbusier, Robert Blatter est né en Suisse à la fin du XIXe siècle (1899). Les deux hommes ont participé activement à l'Exposition des arts décoratifs de Paris, en 1925, un événement qui a constitué un «moment magique dans la création et la diffusion du goût nouveau (...) et qui a marqué le véritable début de l'art moderne», selon l'historien Michel Lessard.
Entre 1922 et 1926, Blatter travaillait à l'atelier de Maxime Roisin, à Paris. Quand la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré a brûlé, les autorités ont invité Roisin à Québec pour la reconstruire. «Il a emmené Blatter avec lui», raconte George Leahy. Arrivé ici en 1926, il a épousé une Québécoise et a fait carrière dans la capitale, où il est mort en 1998.
Des paris sur le Colisée
C'est aussi Robert Blatter qui a dessiné les plans du Colisée de Québec, sur la base d'un brevet allemand, précise George Leahy. «Les gens prenaient des gageures sur le moment où il s'effondrerait, raconte-t-il. Mais Blatter avait fait le pari de le construire, même si ça n'avait jamais été réalisé de cette façon au Canada.»
Selon l'historien de l'architecture Luc Noppen, Blatter a conçu une dizaine de maisons de style international à Québec. Mais Paul Bourassa, du Musée national des beaux-arts du Québec, pense qu'il en a probablement créé davantage, puisqu'il n'a été reconnu comme architecte ici qu'en 1950. «Il a longtemps été dessinateur pour d'autres architectes», mentionne-t-il.
En 1929, il a accompli «un projet exceptionnel»: la maison Bélanger, qui a été détruite en 1963, pour faire place au siège social de la compagnie d'assurances La Laurentienne-Vie. «Une gaffe», résume Paul Bourassa, qu'il explique par le fait que ce type d'architecture était associé à une époque trop récente. «Elle n'était pas considérée comme une maison de notre patrimoine», dit-il.
Au 1589-1591, chemin Saint-Louis, à Sillery, la maison Kerhulu est l'une des rares résidences de Blatter qui n'ait pas été démolie ou défigurée. D'une architecture révolutionnaire pour le Québec d'alors, elle a été construite en 1945 à partir d'un dessin exécuté six ans plus tôt.
Robert Blatter avait donné à la famille Leahy son «fonds» constitué de meubles, de quelque 250 dessins et de photos des résidences qu'il avait conçues. En 1994, ils ont été déposés au Musée national des beaux-arts du Québec. Le Musée de la civilisation a quant à lui acquis une partie de l'ameublement de la maison Bélanger.
ne carrière propulsée grâce à la maison BélangerLe coup d'envoi de la carrière de Robert Blatter a été donné en 1929, grâce au mandat de la maison Bélanger, qui lui a valu le titre d'architecte-ensemblier. Des tapis aux poignées de porte, des meubles aux lampes, de l'humidificateur au paravent, Blatter a tout conçu dans cette résidence.
À l'instar du Corbusier, Robert Blatter savait dessiner des maisons et des meubles. En 1927, il reçoit une commande de l'arpenteur de la province de Québec, Henri Bélanger, qui souhaitait encourager un jeune architecte. «Malgré la crise de 1929, il n'a pas annulé sa commande à Blatter», mentionne l'architecte de Québec George Leahy.
Dans son livre Un rêve Art déco, Danielle Rompré raconte que le coût de construction de cette maison avait été évalué à 35 000 $, soit «deux fois le prix moyen d'une résidence bourgeoise de l'époque». Sise au 131, de Claire-Fontaine, la maison Bélanger était l'une des «plus cossues de Québec». Elle a été détruite en 1963, lors du réaménagement de la colline parlementaire.
Transitions
L'auteure parle d'une «architecture de compromis» et d'un exemple de «transitions vers l'architecture de style international». «Révolutionnaire par ses formes géométriques et sa composition découpée en volumes», elle révèle aussi une influence Art déco dans «l'alliance de la pierre, de la brique et du fer forgé», ainsi que dans «l'attention accordée au portail et au hall».
Avec cette maison, Robert Blatter a misé sur un concept nouveau «où confort, luxe et dépouillement vont de pair». Il a innové en destinant le sous-sol à des fins de loisirs, alors qu'autrefois, il était surtout réservé aux domestiques. Et il nous a familiarisés avec les meubles intégrés, les matériaux faciles d'entretien, l'éclairage et la luminosité, ainsi qu'avec l'importance d'une cuisine fonctionnelle.
Édifices signés Blatter:
- Hôpital Saint-François d'Assise
- Hôpital des vétérans
- Maison généralice des Soeurs de la Charité, à Beauport
- Monastère des religieuses de l'Hôtel-Dieu de Gaspé
- Colisée de Québec
- Édifice de la compagnie d'assurances La Solidarité, à Sillery
- Église Saint-Louis-de-France, à Sainte-Foy
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Sources :
-Charlotte et Peter Fiell, Design du XXe siècle, Taschen
-Danielle Rompré, Un rêve Art déco. La collection Bélanger-Blatter, Musée de la civilisation
-Michel Lessard, Au carrefour de trois cultures. Meubles anciens du Québec, Les Éditions de l'homme
-Michel Lessard, La nouvelle encyclopédie des antiquités du Québec, Les Éditions de l'homme
PS: pour ceux qui se demandent pourquoi je fais du copier/coller avec les articles de Cyberpresse; la réponse est simple: les articles mis en liens sont souvent totalement disparus quand on veut y accéder après quelques jours.
Un amour indéfectible mais non exclusif, des passions intenses et d’ambitieux défis intellectuels : la marche vers le succès du couple légendaire Sartre et Beauvoir incarné avec brio par Lorànt Deutsch et Anna Mouglalis.
Paris dans les années 20. Simone de Beauvoir, jeune fille brillante et réservée, prépare l’agrégation de philosophie avec Jean-Paul Sartre, jeune homme fougueux aussi doué que rebelle aux valeurs établies. Celui-ci arrive premier au concours, suivi, à la deuxième place, par celle qu’il nomme affectueusement le Castor. Simone de Beauvoir devient ainsi la plus jeune agrégée de France. Les deux jeunes gens choisissent de lier leurs destins par un pacte d’amour en rupture avec les convenances bourgeoises : ils s’engagent à pouvoir vivre librement leurs "amours contingentes" (par opposition à leur "amour nécessaire") et à ne rien se cacher. Dans leur vie, le sexe et l’écriture se nourrissent mutuellement…
Pour son premier film de télévision, Ilan Duran Cohen, réussit le pari difficile de redonner chair et sang à ce couple mythique érigé en modèle de liberté, qui a influencé plusieurs générations. Retraçant de façon tendre et légère vingt années de leur vie amoureuse et intellectuelle, depuis la fin de leurs études en 1929 jusqu’à la publication en 1949 du Deuxième sexe, livre fondateur du féminisme, il dresse un portrait attachant des deux amants indéfectibles dont les choix existentiels apparaissent aux antipodes des conventions et des hypocrisies qui semblent redevenues la norme aujourd’hui.
Pour son premier rôle à la télévision, Anna Mouglalis incarne avec force une Simone de Beauvoir aussi touchante qu’impressionnante. Lorànt Deutsch, quant à lui, est souvent irrésistible en Jean-Paul Sartre partagé entre ses quêtes et ses conquêtes.
Anne-Marie Labbé
Le Soleil
Deux jeunes créateurs des Îles-de-la-Madeleine se sont donné comme mission de faire découvrir les régions du Québec sous un angle original. Leur audace a été récompensée avec la vente de plus de 35 000 albums de la collection Le tour du Québec en BD.
La collection de bandes dessinées illustrant différentes régions du Québec a vu le jour en 2003 avec la parution d'un premier numéro sur les Îles-de-la-Madeleine. Les aventures de Néciphore a été la première réalisation du scénariste Jean-François Gaudet et de l'illustrateur Hugues Poirier.
Au cours des cinq dernières années, les concepteurs ont créé leur compagnie, Le Vent qui vente, et publié une BD par année. Chaque numéro nous fait découvrir une région au travers des aventures de Néciphore, Théophile, Dagobert, Philémond et Stanislas. Tous cousins, ils nous entraînent à la découverte de la région dont ils sont originaires, soit les Îles-de-la-Madeleine, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la ville de Québec, Charlevoix, puis la Mauricie.
Chaque BD présente une série de courtes histoires de deux pages qui, mises bout à bout, résument les principales activités touristiques d'une région sur une année complète. Conçues pour un large public et visant autant les jeunes que les adultes, les BD sont teintées d'humour et les personnages empruntent volontairement un aspect parfois caricatural.
Le numéro sur la ville de Québec inclut des références à la rivalité Canadien-Nordiques, au culte des abris à neige, à l'Hôtel de glace, au Carnaval et fait revivre René Lévesque et Félix Leclerc. Certains clins d'oeil ne seront compris que par les résidants de la ville, telle l'image montrant les défuntes bretelles de l'autoroute Dufferin-Montmorency avec la précision du style architectural représenté: «erreur de jugement du modernisme».
Photo Raynald Lavoie, Le Soleil
Invitation à voyager
«Nous sommes des bédéistes par accident, précise Hugues Poirier, architecte de formation. Notre humour est sans prétention. On ne vise pas la BD parfaite, on veut seulement donner le goût aux gens d'en savoir plus sur une région.»
La motivation première des concepteurs de la collection est tout simplement d'encourager les gens à voyager pour découvrir les magnifiques régions du Québec. Poursuivant le double objectif de distraire le lecteur tout en le renseignant sur les attraits touristiques et les particularités régionales, les BD rejoignent autant les touristes que les résidants des régions mises de l'avant.
«On fait de la BD réalité, poursuit Hugues Poirier. On essaie d'être proche du réel, de rapprocher la BD des gens en offrant un produit accessible. Au lieu de choisir un super-héros comme personnage, on a opté pour un homme du peuple, pour que les gens se reconnaissent.»
Afin de bien connaître les régions sur lesquelles ils ont jeté leur dévolu, les auteurs ont séjourné à plusieurs reprises dans les régions et ont multiplié les rencontres avec les gens du coin. Ils se sont attardés à tous les petits détails, puisque leurs BD contiennent bon nombre d'expressions régionales et même des recettes typiquement locales. «Le point commun de toutes les régions visitées, c'est la fierté de ses habitants», souligne Jean-François Gaudet.
«Quand le monde pense qu'on vient de la région, poursuit-il, c'est qu'on a fait un bon travail. Le plus beau compliment qu'on peut recevoir est: «Hein, vous ne venez pas d'ici?»»
N'ayant reçu aucune subvention, à l'exception de deux bourses de démarrage d'entreprise, le duo a dû innover pour réussir à se lancer dans l'aventure de la publication. Chaque numéro est appuyé financièrement par des commanditaires locaux dont le logo apparaît en bas de page. Ces publicités apparaissent comme des compléments d'information utiles pour les touristes, aux dires des bédéistes, qui ne se laissent en aucune mesure influencer dans leur contenu rédactionnel. En plus de servir à payer l'impression des numéros, ces publicités servent au positionnement de l'entreprise, car bon nombre de commanditaires deviennent aussi des points de vente.
Les concepteurs reçoivent beaucoup de propositions au sujet des régions qui pourraient être mises à l'honneur pour leur prochain numéro. Ils hésitent pour l'instant à se lancer dans la création d'un numéro hors série sur l'Acadie ou poursuivre leur lancée en choisissant une région telle la Gaspésie ou les Laurentides, qui récoltent beaucoup de demandes de la part des lecteurs assidus.
Parmi les projets dans le collimateur, les créateurs du Tour du Québec en BD souhaiteraient traduire leurs albums, voir leurs personnages prendre vie dans des dessins animés télévisés et trouver un distributeur pour la France. Le duo envisage également la conception d'une BD sur une région française. Leur candidature est actuellement à l'étude pour une éventuelle participation à la foire d'Angoulême, capitale de la BD, où le Québec sera à l'honneur en avril 2008.
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Les albums de la collection Le tour du Québec en BD sont vendus 20 $ chacun. Pour la liste des points de vente: www.leventquivente.com.
Avec Chroniques birmanes, le bédéiste québécois Guy Delisle publie son troisième carnet de voyage en bande dessinée, après Shenzen et Pyongyang, qui ont été traduits en neuf langues. Entrevue avec un artiste qui voyage autant que ses oeuvres.Rangoun, ex-capitale birmane, 2005. C'est un dimanche matin, et le bédéiste Guy Delisle est assis devant un ordinateur, dans un petit appartement, entouré de trois amis dessinateurs à qui il donne un bref cours d'animation. Mais cette semaine, l'exercice est interrompu après une demi-heure par une panne d'électricité. Personne n'est vraiment surpris: le quartier dans lequel ils se trouvent n'est alimenté que deux heures par jour.
Ne reste plus qu'à sortir de cette tour de béton, dans une cage d'escalier plongée dans le noir. Heureusement, il y a un truc. L'ami explique: chaque palier compte 12 marches, il suffit de les compter. Seul le dernier palier en compte 13.
- Ah bon, l'architecte s'est trompé?
- Non, c'est la tradition en Birmanie. Toutes les maisons doivent avoir un nombre impair de marches.
Après un séjour d'un peu plus d'un an en Birmanie, il peut sembler étrange que Guy Delisle cite une telle anecdote - "pas du tout spectaculaire", de son propre aveu - parmi les souvenirs les plus marquants de son périple. Mais là où les journalistes verraient des occasions de grands reportages géopolitiques, le dessinateur québécois voit plutôt le quotidien de gens qui habitent des coins chauds de la planète.
Son nouveau recueil, Chroniques birmanes - un carnet de voyage de 272 pages en bande dessinée - regorge d'histoires comme celle des marches, des récits «très concrets, très quotidiens». «J'ai l'impression que le fait de raconter de tout petits détails, ça fait voyager», note Guy Delisle, joint chez lui à Montpellier, en France.
Guy Delisle s'est rendu dans le pays d'Asie du Sud-Est avec sa femme, qui y travaillait avec Médecins sans frontières, et son fils. "Je m'imaginais la Birmanie comme une deuxième Corée du Nord, mais non, ce n'est pas ça du tout. Les gens y vivent difficilement, mais ils vivent. Chaque fois qu'on va parler de la Birmanie, c'est qu'il y a des gens qui se font tirer dessus pendant les manifestations, on va voir la récipiendaire du prix Nobel de la Paix assignée à résidence, Aung San Suu Kyi, puis on va voir la junte (...) J'aime bien montrer que dans des pays comme ça, qui sont très pauvres, il y a quand même une vie qui ressemble à celle qu'on vit, mais avec beaucoup moins de moyens."
Le dessinateur de 41 ans, originaire de Charlesbourg (aujourd'hui fusionnée à Québec), n'en est pas à ses premières armes dans les récits du genre. Deux de ses séjours asiatiques ont fait l'objet de carnets: le premier, Shenzhen (2000), met en scène un Guy Delisle en plein choc des cultures, dans une Chine où la communication est quasi impossible. Pyongyang (2003) raconte le périple du dessinateur dans le pays le plus secret du monde et est riche en détails politico-insolites. Les deux volumes ont été traduits en neuf langues, dont l'anglais et le japonais.
Comme dans Shenzhen et Pyongyang, le ton des Chroniques birmanes est faussement anodin. Plusieurs situations qui pourraient être dramatisées sont souvent désamorcées par un humour légèrement décalé, tandis que les vrais moments touchants, plutôt que d'être enrobés d'une couche de compassion occidentale, sont relatés avec une telle candeur qu'ils n'en sont que plus poignants.
Par ailleurs, la simplicité de certaines histoires des Chroniques birmanes épouse bien celle du dessin de Guy Delisle, qui reste malgré tout étonnamment rythmé. Quelques chroniques sont muettes, un des genres de la bande dessinée que M. Delisle affectionne particulièrement.
Même si les histoires de Guy Delisle sont des clichés de la vie quotidienne, leur concoction n'a rien d'instantané. Le dessinateur préfère laisser le temps lui dicter ce qui se retrouvera ou non dans ses livres. Pyongyang a été écrit six mois après son retour de la Corée du Nord, tandis que les trois quarts des Chroniques birmanes ont été écrits de retour chez lui.
«Sur place, je prends des notes dans un petit journal de bord», explique le dessinateur qui, au fil de la conversation, délaisse un peu son accent français et échappe quelques québécismes. «Sur la page de droite, je note les rencontres, les gens que je vois, c'est comme un petit journal de bord assez emmerdant. Puis à gauche, je fais un petit croquis pour expliquer un truc rigolo que j'ai vu. Après, j'attends un peu que le temps passe; c'est ce qu'il y a de mieux. Le mélange du souvenir et des relectures de mes notes va faire la matière pour le livre.»
Pas question pour lui de qualifier ses récits de «reportages». Le résultat de sa démarche est d'ailleurs à des années-lumière de ce que produit le journaliste américain Joe Sacco, dont les bandes dessinées sur la Palestine et la guerre en Bosnie sont à la fois plus rigoureuses et politiques. Malgré tout, le séjour de Guy Delisle à Pyongyang l'a forcé à introduire certains éléments journalistiques. «J'aurais fait un peu trop le jeu de leur propagande si je n'avais fait que reprendre leurs conversations et les réponses qu'ils me donnaient. (...) Maintenant, quand j'ai l'occasion de le faire, comme là avec la Birmanie, je m'arrête et j'introduis un graphique, par exemple pour expliquer ce qu'une ONG essaie de faire.»
Avec la crise birmane qui continue de défrayer les manchettes, le dernier livre de Guy Delisle est peut-être destiné à devenir aussi chaud que son sujet. Une chose est certaine, il ne sera pas le seul bénéficiaire de cette publicité fortuite; ses lecteurs en profiteront bien plus.
Vous n'avez peut-être jamais goûté au sirop Lambert, mais vos grands-parents, sûrement! Créée en 1887, cette concoction est sans doute le plus vieux remède québécois du genre. Avec le temps, son emballage s'est légèrement modifié. Mais la compagnie a toujours conservé le logo représentant la superbe moustache de son fondateur, Joseph-Olivier Lambert.
«Quand j'ai commencé ici, je me suis demandé: doit-on rajeunir l'emballage? dit Danièle Vasseur, responsable du marketing chez J.O. Lambert. Je ne l'ai pas fait pour au moins une raison: les gens connaissent déjà bien le produit. Ça fait des années qu'ils voient passer le sirop Lambert. Il y a donc un lien de confiance qui est établi en partant: on le perçoit comme un remède fiable.»
Si Mme Vasseur considère les vieux fidèles du sirop Lambert comme des «alliés», elle sait que la compagnie devra un jour renouveler sa clientèle - qui est loin de rajeunir. La marque, qui appartient aujourd'hui au consortium J.L. Freeman (crème Webber, fondue Swiss Knight, boissons Clément) lancera à cet effet une campagne de pub radio à la fin du mois de décembre, sur les ondes de Rock-détente, avec le slogan «Ça fait un siècle qu'il lâche pas!»